Le syndrome de l’œil sec touche différents profils de personnes, jeunes ou âgées, porteuses de lentilles de contact ou non. Celles-ci peuvent ressentir des démangeaisons, des picotements, des larmoiements en cas de froid ou de vent. Avec le vieillissement de la population et la surexposition aux écrans, la prévalence de la sécheresse oculaire augmente. Sans être une maladie en soi, la sécheresse oculaire impacte le quotidien de façon chronique par ses multiples sensations d’inconfort. En outre, elle peut compromettre le port d’un équipement visuel, voire plus généralement influer sur la vision. C’est pourquoi il est essentiel de bien comprendre l’œil sec, ses symptômes, causes et facteurs de risque pour pouvoir établir avec certitude le bon diagnostic et envisager un traitement. Par ailleurs, il existe des moyens de prévenir le syndrome de l’œil sec et d’en limiter les manifestations.
Des solutions existent que l’ophtalmologue peut proposer à ses patients et qui sont relayées en boutique par les opticiens. Pour ces derniers, ISOForm, spécialiste de la formation continue de l’opticien, propose des formations dédiées à la prise en charge des yeux secs en magasin d’optique.
Comprendre l’œil sec
Qu’est-ce que la sécheresse oculaire ?
Le syndrome de l’œil sec (dry eye disease) met en jeu plusieurs facteurs. Il peut y avoir une baisse de la production de larmes ou bien une évaporation trop rapide du film lacrymal. La sécheresse oculaire entraîne des douleurs et une inflammation des yeux. Elle peut provoquer une dégradation de la structure des yeux et une baisse de l’acuité visuelle et donc de la qualité de vie des personnes atteintes. Cette maladie, aussi appelée kératoconjonctivite sèche, fait partie des causes les plus répandues de consultations ophtalmologiques.
Quels sont les symptômes de l’œil sec ?
Il n’y a pas qu’un seul symptôme mais plusieurs qui peuvent indiquer une sécheresse oculaire. On trouve parmi les plus fréquents :
- des yeux qui piquent, brûlent, grattent ;
- une vision altérée, avec une sensation de flou lors de la lecture ;
- impression d’avoir un corps étranger dans l’oeil (poussière…) ;
- présence de filaments de mucus dans l’oeil (avec paupières collantes au réveil) ;
- yeux rouges ou irrités, surtout en cas de vent, climat sec ou dans une environnement tabagique, un espace climatisé ou chauffé ;
- douleur ou inconfort pendant le port des lentilles de contact ;
- larmoiements.
Ce dernier symptôme peut paraître paradoxal, mais est justement dû à une moindre qualité des larmes, produites alors en plus grand nombre pour compenser leur inefficacité. Par ailleurs, l’œil réagit aussi par une surproduction de larmes pour pallier l’inconfort oculaire. S’il est bénin, le larmoiement peut s’avérer invalidant, comme lors de la conduite d’un véhicule, la pratique d’un sport ou toute autre action de la vie quotidienne.
Quelles sont les causes de l’œil sec ?
La cause principale de la sécheresse oculaire tient à une baisse de la qualité des larmes. Mais il peut aussi s’agir d’une production lacrymale insuffisante.
Pour compenser une mauvaise qualité des larmes, destinées à hydrater et protéger l’œil grâce à un film gras, l’œil a tendance à produire plus de larmes, d’où des larmoiements fréquents. Par conséquent, il peut être difficile de déterminer laquelle des deux causes, qualitative ou quantitative, prédomine pour expliquer une sécheresse oculaire. Les deux pouvant être intrinsèquement liées.
Quels sont les facteurs de risque de l’œil sec ?
Plusieurs facteurs, hormonaux, environnementaux, pathologiques ou liés à la prise de certains médicaments, constituent un risque de développer un syndrome de l’œil sec.
D’une part, cette tendance à la sécheresse oculaire peut s’expliquer par des fluctuations hormonales. Par exemple, avec l’âge les yeux produisent moins de larmes, chez les hommes comme chez les femmes. Toutefois, ce problème survient plus fréquemment chez les femmes ménopausées.
D’autre part, certaines pathologies oculaires constituent un terrain propice au syndrome de l’oeil sec, comme :
- la blépharite (paupières enflées et rouges) ;
- une malposition de la paupière : entropion (vers l’intérieur) et ectropion (vers l’extérieur) ;
- le conjonctivochalasis ou chalazion (plis sur le bord de la paupière inférieure) ;
- chirurgie réfractive des yeux, dont LASIK pour corriger la courbure de la cornée.
D’autres maladies ont également une influence sur la sécheresse oculaire, comme la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome de Sjögren, les pathologies de la thyroïde, le lupus. De même, la prise de médicaments peut provoquer un syndrome de l’œil sec. Sont particulièrement concernés : les diurétiques, les bêtabloquants, les antihistaminiques, les somnifères, les anxiolytiques et antidépresseurs et les pansements gastriques.
Enfin, l’environnement prédispose également la survenue d’une sécheresse oculaire : fumée de cigarette, temps venteux et/ou sec, climatisation et chauffage, etc. Et les habitudes de vie peuvent aussi déterminer la survenue de ce syndrome. Par exemple, la lecture ou le travail prolongé sur écran engendrent une fréquence de clignement des yeux réduite et peuvent ainsi induire un syndrome de l’œil sec. Tout comme une durée de port de lentilles trop longue peut provoquer une irritation par défaut d’hydratation.
Quelles peuvent être les complications de l’œil sec ?
Même si la sécheresse oculaire est le plus souvent sans gravité, il arrive parfois qu’elle entraîne des complications.
À terme, les symptômes peuvent s’aggraver et évoluer vers une photophobie, des douleurs oculaires aiguës, une vision dégradée. Dans les cas les plus graves, l’irritation prolongée des yeux engendre une infection, voire des lésions de la cornée (kératites).
D’autres pathologies peuvent survenir consécutivement à une sécheresse oculaire aggravée : un ulcère (creusement de la cornée), un abcès pouvant également occasionner une cicatrice, voire une perforation de la cornée.
Grâce à une formation en réfraction, l’opticien dispose des compétences scientifiques et techniques pour effectuer des tests de la vue et contribuer au dépistage des maladies oculaires. Ainsi, il est compétent pour orienter ses clients vers son médecin ophtalmologue, seul à même de soigner les pathologies de l’œil.
Comment diagnostiquer l’œil sec ?
L’ophtalmologiste démarre sa consultation par un interrogatoire (anamnèse) qui sert à collecter les informations sur les antécédents médicaux, précédentes chirurgies oculaires, pathologies chroniques (diabète, thyroïdite, etc.) et aigües, prises de médicaments, description des symptômes (gêne, douleur, irritation, larmoiements, baisse d’acuité visuelle, etc.). Ensuite, il pratique un examen approfondi de l’œil (fond de l’œil, tension oculaire, champ visuel, etc.) pour dépister les maladies oculaires les plus fréquentes (glaucome, cataracte, rétinopathies, DMLA, etc.).
Afin de déterminer la présence du syndrome de l’oeil sec, le médecin vérifie l’état des paupières, la surface de l’oeil, le clignement des yeux et l’état des glandes de Meibomius (DGM – Dysfonctionnement des Glandes de Meibomius). Il recherche des signes d’inflammation, d’allergie, ainsi que de pathologies comme le syndrome de Gougerot Sjogren ou de maladies auto-immunes affectant l’ensemble des muqueuses. En outre, il pratique un test d’acuité visuelle pour mettre en évidence un trouble amétropique (myopie, astigmatisme, hypermétropie, presbytie).
Certains tests sont fréquemment pratiqués pour diagnostiquer l’œil sec. Généralement, le spécialiste a recours à la Fluorescéine® pour colorer en jaune orangé les larmes et les rendre visibles aux rayons lumineux. De cette manière, le médecin peut observer le comportement du film lacrymal : homogénéité, répartition sur la surface de l’œil, break up time (délai de rupture du film lacrymal). Si des zones sèches apparaissent avant 10 secondes, il peut s’agir d’un signe de sécheresse oculaire.
Ensuite, l’ophtalmologue pourra évaluer la quantité des sécrétions à l’aide de bandelettes posées dans le cul-de-sac conjonctival inférieur. Il s’agit du test de Schirmer qui délivre des mesures en millimètres toutes les 3 ou 5 minutes. Ainsi, il pourra déterminer si son patient présente une hypersécrétion découlant d’une sécheresse sévère. Si la longueur de la partie mouillée est inférieure à 10 mm, là encore ce résultat peut être interprété comme un indicateur du syndrome de l’œil sec.
Enfin, l’ophtalmologiste peut réaliser un test au vert de lissamine, un colorant qui permet de repérer une lésion à la surface de l’œil et qui indiquerait une sécheresse oculaire aggravée.
Le médecin pourra également réaliser une biopsie de la surface de l’œil, voire prescrire une analyse de sang pour dépister des maladies immunitaires. De la précision du diagnostic dépend l’efficacité du traitement envisagé, d’où l’importance d’envisager et d’évaluer la totalité des facteurs impliqués.
Quels sont les traitements de l’œil sec ?
En fonction des causes de dysfonctionnement, les traitements varient. Généralement, ils consistent à pallier le manque de larmes ou à améliorer leur qualité. Toutefois, il faut noter que le syndrome de l’œil sec est actuellement incurable. Les traitements ne sont pas curatifs, mais ont vocation à soulager et à diminuer les symptômes.
Pour traiter une insuffisance de production lacrymale, l’ophtalmologue prescrit des larmes artificielles, appelées aussi gouttes ophtalmiques. Ce sont des gouttes oculaires qui agissent comme des larmes naturelles et que l’on peut utiliser aussi souvent que nécessaire. Elles sont disponibles sans ordonnance et peuvent être appliquées même en cas de port de lentilles de contact, avant, pendant et après la pose pour améliorer le confort oculaire. Pour éviter toute irritation supplémentaire, l’utilisation de gouttes sans conservateurs est recommandée, surtout si l’on porte des lentilles de contact.
En outre, le médecin peut aussi prescrire une pommade ophtalmique à appliquer avant le coucher. Elle agit comme un lubrifiant et limite l’évaporation des larmes pendant le sommeil. En revanche, elle est déconseillée aux porteurs de lentilles de contact.
A contrario, on peut traiter la sécheresse oculaire en réduisant le drainage par les canaux lacrymaux. Ainsi les larmes naturelles et les collyres demeurent plus longtemps à la surface de l’œil. Deux solutions sont envisageables : poser des bouchons invisibles et indolores à l’entrée des canaux lacrymaux ou opter pour une intervention chirurgicale pour fermer définitivement les canaux.
Si un médicament est en cause, il convient de tenter d’en changer, tout comme il est possible de tester d’autres marques de lentilles ou de produits d’entretien pour les personnes porteuses de lentilles de contact, voire de se résigner à porter des lunettes de vue.
Toutefois, lorsque ces précautions sont insuffisantes et que malgré les gouttes, les symptômes de sécheresse oculaire persistent, le médecin peut prescrire des médicaments. En premier lieu, on trouve la ciclosporine qui calme l’inflammation et améliore la qualité des larmes (uniquement en pharmacie hospitalière, CHU), mais qui en contrepartie a tendance à inhiber le système immunitaire. Ensuite, le médecin peut faire réaliser un sérum autologue. Il s’agit de sérum prélevé dans les veines du patient et conditionné en flacon. Ce traitement est à la fois très efficace mais aussi très contraignant pour le patient qui doit se prêter au prélèvement à réaliser en milieu hospitalier. Enfin, le spécialiste peut prescrire un collyre ou une pommade à base de corticoïdes, ou encore des tétracyclines orales (doxycycline, oxytétracycline et lymécycline). Ce type de traitement nécessite une prise régulière pendant trois mois minimum.
Autre possibilité : recourir à des lentilles sclérales. Ces lentilles rigides contiennent du sérum physiologique qui maintient une hydratation constante de la cornée. Et si ces lentilles sont mal supportées, il existe l’alternative des lunettes à chambre humide dont la fonction est d’humidifier la surface de l’œil.
En cas de sécheresse oculaire sévère, l’ophtalmologue pourra proposer des interventions chirurgicales au niveau de la paupière : tarsorraphie ou blépharorraphie pour favoriser la fermeture des paupières. Et si la cornée est endommagée, il pourra procéder à une greffe de membrane.
Pour assurer une prise en charge optimale des clients présentant des troubles importants de la vue, l’opticien peut maintenir à jour ses connaissances et enrichir sa pratique grâce à une formation basse vision.
Comment prévenir le syndrome de l’œil sec ?
Par ailleurs, des règles d’hygiène et de bonnes pratiques permettent de prévenir et de diminuer les symptômes de la sécheresse oculaire.
Tout d’abord, il est important d’agir sur les facteurs externes (environnement, gestes simples et habitudes de vie) pour diminuer leur impact sur la santé des yeux. Par exemple, il vaut mieux éviter les atmosphères polluées, enfumées, climatisées ou surchauffées. Ensuite, il est bon de vérifier la composition des produits de beauté (crèmes contour des yeux, maquillage, etc.) qui pourraient provoquer une irritation ou une allergie. Penser à s’hydrater convenablement, surtout par temps sec et chaud, est également très important.
Quelques astuces peuvent également contribuer à lutter contre la sécheresse oculaire :
- En cas de travail sur écran, prévoir des pauses régulières pour cligner des yeux et éviter la survenue d’un « syndrome visuel de l’ordinateur ». De même pour tout moment prolongé à regarder la télévision ou à lire. Il s’agit alors de détourner le regard pendant au moins 20 secondes (dans l’idéal 5 minutes), toutes les heures en clignant plusieurs fois des yeux.
- Utiliser des gouttes lubrifiantes sans conservateurs (sans ordonnance), pas de collyre antiseptique ni antiallergique tout au long de la journée.
- Appliquer du gel ou une pommade oculaire avant le coucher pour que les yeux restent humides pendant la nuit.
- Veiller à une alimentation équilibrée et diversifiée, riche en oméga-3. On en trouve dans l’huile de lin ou de poissons gras (saumon), les oléagineux comme les noix et les amandes. L’absorption de ces « bonnes graisses » contribue au maintien de la couche aqueuse de l’œil et évite l’évaporation.
- Réduire l’inflammation des paupières en y appliquant des compresses tièdes en début et fin de journée.
- Placer un humidificateur d’air dans son logement, aérer régulièrement ou encore installer des filtres à air pour réduire la poussière ambiante.
- Diminuer le temps de port des lentilles de contact.
La prévention et le suivi de l’œil sec : le rôle de l’opticien
Il ne faut pas négliger les symptômes du syndrome de l’œil sec car leurs conséquences peuvent être importantes pour la santé oculaire. C’est l’ophtalmologue qui émet le diagnostic, délivre les prescriptions médicales et assure les actes de chirurgie. De son côté, l’opticien conseille ses clients à titre préventif et les oriente vers le médecin spécialiste en cas de suspicion de sécheresse oculaire lors d’un contrôle de la vue (réfraction).
L’opticien est formé pour prendre en charge tous les profils de clients dans son magasin d’optique. Il actualise régulièrement ses connaissances à travers la formation continue pour optimiser cette prise en charge. ISOForm propose plusieurs modalités d’apprentissage qui s’adaptent aux besoins et disponibilités des opticiens : en présentiel ou en formation opticien en ligne. N’hésitez pas à consulter les pages de formations pour trouver celles qui vous conviennent.